top of page

Exploiter l'Internet des objets pour améliorer la qualité de l'air urbain à Douala Cameroun

Dr OLINGA OLINGA Joseph Magloire

La ville de Douala, en tant que capitale économique du Cameroun, fait face à des défis environnementaux majeurs, notamment dans la gestion de la qualité de l'air. Une urbanisation rapide, une croissance démographique, un parc de véhicules vieillissant et une augmentation des activités industrielles contribuent à la détérioration de la qualité de l'air, posant de sérieux risques pour la santé et l'environnement. Le projet "Clean Air for All African Cities", en collaboration avec la mairie de Douala et l'Université de Douala, a lancé le déploiement de capteurs IoT à faible coût à travers la ville pour surveiller en temps réel les principaux polluants. Ce projet pilote vise à fournir des données essentielles pour orienter les stratégies d'atténuation, sensibiliser le public et éclairer les décisions politiques. Bien que Douala ne dispose pas encore d'un plan d'action spécifique pour la gestion de la qualité de l'air, cette initiative représente une étape cruciale vers l'amélioration de la qualité de l'air et la préservation du bien-être de sa population urbaine. L'étude souligne la nécessité d'un plan global de gestion de la qualité de l'air, aligné sur les meilleures pratiques internationales, pour faire face aux défis environnementaux croissants de Douala.

Le coût du développement industriel de la principale ville du Cameroun

En raison de son statut privilégié de capitale économique, la ville de Douala est en quelque sorte victime de son propre potentiel économique. D’un point de vue environnemental, les principaux défis auxquels Douala est confrontée sont la gestion des déchets, les inondations récurrentes et, de plus en plus, la pollution de l'air. La qualité de l'air à Douala est un problème majeur, car la ville connaît une urbanisation rapide et une croissance démographique, combinées à l'augmentation du parc de véhicules vieillissants, à l'absence d'un système de transport urbain de masse et à la hausse des activités industrielles. En effet, la ville abrite les deux zones industrielles les plus importantes du pays, les zones industrielles de Bassa’a et de Bonabéri, qui représentent à elles seules près de 70% du tissu industriel national. En plus de ces sites, la Mission d'Aménagement et de Gestion des Zones Industrielles prévoit la création d'autres zones industrielles, notamment à Yassa sur 400 hectares et à Dibombari sur 300 hectares. La mise en opération prochaine de ces zones industrielles contribuera sans aucun doute à la détérioration de la qualité de l'air dans la ville. Il va sans dire que la qualité de l'air est désormais un facteur à prendre en compte dans l'évaluation de l'exposition de la population aux risques sanitaires.

Vue sur la ville de Douala au Cameroun, Leandry Jieutsa 2023

Internet des objets pour des villes à l'air pur

La dernière étude sur la qualité de l'air à Douala remonte à 2003. Actuellement, sous la supervision du Ministère de l'Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable, une étude est en cours pour identifier les principales sources de pollution atmosphérique à Douala, dans le but de les atténuer. De plus, la collaboration entre la Communauté Urbaine de Douala (CUD) et l'Équipe Pluridisciplinaire de Recherche sur les Changements Climatiques (EPR-CC) de l'Université de Douala, dans le cadre du projet "Clean Air for All African Cities", a permis l'installation de huit (08) capteurs pilotes dans certains quartiers de la ville. Sur la base de ces sources d'information, il peut être conclu que les principales sources de pollution atmosphérique à Douala sont les émissions du trafic automobile, les activités industrielles, la poussière soulevée par le trafic, et dans une certaine mesure, la combustion des déchets.

Vue sur la ville de Douala au Cameroun, Leandry Jieutsa 2023

L'Internet des objets (IoT) offre des opportunités uniques pour surveiller la qualité de l'air en temps réel et en détail à l'échelle d'une ville dense et étendue comme Douala. Il a été choisi dans le cadre du projet "Clean Air for All African Cities" car cette technologie de capteurs à faible coût développée par AIRQO permet un suivi de la qualité de l'air en temps réel, à moindre coût et de manière peu intrusive, en déployant un réseau de capteurs connectés. Les informations collectées sont essentielles pour orienter les décisions, les actions, et la mobilisation collective pour une meilleure qualité de l'air en milieu urbain. À ce jour, huit (08) capteurs pilotes ont été installés dans certains quartiers de la ville.


Le déploiement de ces capteurs a été effectué dans les zones les plus polluées de la ville, notamment le long des grands axes routiers, dans les quartiers industriels, et dans les zones densément peuplées suivant une grille prédéfinie. Le défi est de densifier ce réseau pour disposer d'un maillage suffisamment fin des données collectées afin d'informer les décideurs sur les mesures d'atténuation à prendre.

Les données collectées à ce jour portent sur les principaux polluants atmosphériques (particules fines, oxydes d'azote, ozone, dioxyde de soufre, etc.), ainsi que sur les paramètres météorologiques (température, humidité, vent, etc.). Il ressort des données actuelles qu'à moyen terme, la pollution atmosphérique aura un impact négatif majeur sur la santé de la population urbaine à Douala, augmentant les risques de maladies respiratoires, de maladies cardiovasculaires et de cancers. Elle a également des conséquences sur l'environnement et les bâtiments, dégrade la qualité des écosystèmes, et contribue au changement climatique.

La réglementation camerounaise ne recommande pas encore ce type de document ; cependant, les meilleures pratiques internationales en la matière, notamment l'Accord de Paris de 2015, recommandent que les États élaborent une Contribution Déterminée au niveau National (CDN) qui présente les engagements nationaux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et donc, des polluants atmosphériques. Au niveau local, le Plan d’Action pour l’Énergie Durable et le Climat sert de cadre d’action pragmatique.


Dans le contexte camerounais, un plan d'action pour la réduction des émissions et la gestion de la qualité de l'air pourrait inclure l'amélioration des connaissances locales sur les sources de pollution grâce à l'installation d'un réseau de capteurs connectés, y compris le renforcement des capacités des acteurs locaux dans la collecte, le traitement, et l'analyse des données, la mise en place de zones vertes à faibles émissions (hôpitaux, écoles, espaces sportifs, etc.), la promotion des modes de transport propres et de la mobilité douce (marche et vélo), comme recommandé dans le Plan de Mobilité Urbaine Durable de Douala (PMUS), ainsi que le renforcement des réglementations sur les émissions industrielles, et la sensibilisation aux problématiques de pollution de l'air.


Cependant, à ce jour, la Ville de Douala n'a pas encore mis en œuvre de plan d'action spécifique sur la qualité de l'air, mais ce projet pilote réalisé avec l'Équipe Pluridisciplinaire de Recherche sur les Changements Climatiques (EPR-CC) de l'Université de Douala, dans le cadre du projet "Clean Air for All African Cities", pourrait constituer une première étape importante.



bottom of page