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Les jardins de Ben M'sik : construits par la communauté, pour la communauté

Tarik Zoubdi

Ben M'sik, un projet de logements sociaux à Casablanca, vise à améliorer les conditions de vie de 240 familles du bidonville "Douar Khalifa" dans le cadre du programme "Villes sans bidonvilles". Le projet, inspiré par l'histoire et le patrimoine du Maroc, présente une faible profondeur, une double orientation et des vues dégagées sur un grand parc. Le projet est partiellement autofinancé, avec 47 % financé par le "Fonds de solidarité habitat et intégration urbaine" et 38 % par les futurs résidents.

En 2003, les attentats de Casablanca ont fait 41 morts. Les terroristes étaient tous originaires du bidonville de Sidi Moumen. Manifestement, ces quartiers manquent des moyens les plus élémentaires. Ce sont souvent des terrains fertiles pour ce type de tragédie (criminalité, chômage, extrémisme, ...).

Par conséquent, l'accès à un logement décent, à une éducation de qualité et à des services publics adéquats est une solution viable pour restaurer un minimum de "justice sociale". C'est dans cet esprit et dans le cadre du programme "Villes sans bidonvilles" que les logements sociaux construits à Ben M'sik ont été créés pour améliorer les conditions de vie de 240 familles du bidonville "Douar Khalifa" situé à proximité du site du projet.

De plus, contrairement à plusieurs autres projets de logements, la proximité de celui-ci avec l'emplacement du bidonville concerné a évité le déracinement des habitants de leur environnement habituel, sans perturber considérablement leur quotidien.

Vue globale-2022-Alessio Mei Photographie

Le projet bénéficie d'un emplacement privilégié au milieu de plusieurs équipements et services locaux, notamment une mosquée, un centre de santé, un centre de jeunesse (en construction), un centre social, un complexe sportif local, un centre de formation professionnelle et plusieurs autres écoles.


Tarik Zoubdi né le 22 février 1982, est un architecte marocain, diplômé de l'École nationale d'architecture en 2006, et titulaire d’un « Master of resilient, sustainable, and smart building and cities » de l'Université Mohammed VI Polytechnique en 2020. Son atelier d’architecture TZA a été fondé en 2008. En 2018, il remporte avec Mounir Benchekroun le Prix du jury et celui du public aux Architizer A+Awards dans la catégorie « Primary and High school »1 à New York2, et le Prix du meilleur bâtiment éducatif et culturel aux « Arab Architects Awards » à Beyrouth3. Depuis 2019, il est enseignant à l’École d’architecture de l’Université internationale de Rabat.

La faible profondeur des bâtiments permet à 83 % des appartements de bénéficier d'une double orientation garantissant une abondante lumière naturelle et une ventilation transversale très efficace. De plus, la morphologie serpentine du complexe permet des vues dégagées sur le grand parc adjacent.



Le vocabulaire architectural du projet s'inspire de l'histoire et du patrimoine du Maroc, de la beauté de sa lumière et de ses paysages naturels. Les formes, les couleurs et les textures permettent aux bâtiments de s'ancrer fortement dans leur contexte géographique et culturel, tout comme les maisons du quartier avec leurs teintes variées d'ocre.


Ce respect exprimé envers l'identité locale permet une intégration du projet dans son environnement, facilitant son adoption par les futurs résidents et leurs voisins. Pour l'aspect bioclimatique, la ventilation naturelle transversale des appartements à double orientation rafraîchit les intérieurs.

De plus, les jardins extérieurs inspirés des "Ryads" marocains seront couverts de végétation dense qui adoucit l'atmosphère en été, et laisse passer les rayons du soleil en hiver, grâce à la prédominance des arbres à feuilles caduques.



Les passages sous les sabats stimulent la ventilation naturelle de ces "patios ouverts", évitant ainsi le phénomène d'îlot de chaleur. Prévus sur des terrains publics, le projet a coûté l'équivalent de seulement 230 euros le mètre carré, malgré l'installation d'ascenseurs dans tous les 18 bâtiments.

L'ensemble de l'opération a été partiellement autofinancé jusqu'à environ 47 % ; grâce à la vente de la surface commerciale, 15 % du budget ont été fournis par le "Fonds de solidarité habitat et intégration urbaine (FSHIU)", et seulement 38 % seront fournis par les futurs résidents, principalement par le biais d'un crédit à long terme garanti par l'État à travers son fonds Damane Assakan.



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